Jean-Marc Kerviche
Au nom de quoi ?
Les dérives de l'Islam
Tant que les religions usent de salive et d'encre, elles sont acceptables.
Tant qu'elles ne font pas couler le sang...
Tant que les religions usent de salive et d’encre, elles sont acceptables. Tant qu’elles ne font pas couler le sang…
L'Islam sert de drapeau aux laissés pour compte actuels de notre société. Il n'est représentatif que depuis quelques années et il est d'abord et en premier lieu alimenté par les conflits du Moyen Orient comme une cristallisation des affects de la communauté musulmane.
Pourtant jamais auparavant l'Islam en France n'avait représenté de problème. J'ai côtoyé au cours de ma vie professionnelle de nombreux collègues arabes, et pour tout vous dire également de nombreux collègues juifs et je n'ai jamais distingué les uns des autres autrement que pour des collègues et certains d'entre eux sont même devenus mes amis. La religion ne faisait pas partie de nos préoccupations, elle ne faisait pas partie de nos échanges et figurez-vous que j'ignorais même à une époque ce qu'était le Shabbat et le Ramadan, à tel point que nous partagions les mêmes tables, consommant cassoulets, couscous et même des choucroutes sans se soucier les moins du monde des saucisses, travers de porc ou tranches de jambon qu'elles contenaient.
Pour en revenir à mon propos, les religions ont toujours servi de porte-drapeaux pour rassembler les révoltes et l'Islam ne fait pas exception à la règle.
Tout sert de prétexte aux conflits et chacun tire la couverture à soi pour dénoncer telle ou telle exaction que celle-ci se produise chez nous ou ailleurs dans le monde avec en figure de proue le conflit Israélo-palestinien.
Aux roquettes palestiniennes répondent les bombardements israéliens, aux attentats suicides perpétrés par des extrémistes répondent les contraintes des Israéliens sur les populations palestiniennes. A ce sujet quelqu'un m'a fait la remarque que j'aurais d'abord pu dénoncer l'occupation de territoires par les colons juifs justifiant l'envoi de roquettes palestiniennes. Comme si les exactions des uns permettaient de justifier les réactions mortifères des autres.
L'escalade permanente dont nous ne pouvons malheureusement rien malgré tous les efforts de paix des responsables politiques, les belligérants les plus durs refusant tout dialogue. Anouar El Sadate et Yitzhak Rabin ont même été jusqu'à payer de leurs vies la haine inassouvie de leurs propres coreligionnaires.
La haine des deux côtés, et nous dans tout ça, on constate que certains applaudissent à chaque bombe, à chaque réaction selon qu'on se range d'un côté ou de l'autre ou qu'on accède aux faits et aux causes selon l'appartenance à une communauté.
Quant aux guerres entre l'Iran et l'Irak, l'invasion du Koweït par l'Irak suivi par l'engagement des Nations Unies dans la première guerre contre l'Irak à laquelle la France a participé, la deuxième guerre menée par les Américains et par la Grande Bretagne au prétexte de détention d'armes de destruction massive alors qu'il n'en était rien, excepté l'utilisation de gaz toxique contre les populations Kurdes.
Ensuite des groupes paramilitaires musulmans tels Al-Qaïda ont détruit le World Trade Center sous les applaudissements de pratiquement tous les Musulmans du monde, ce qui a conduit à une intervention en l'Afghanistan, fief de Ben Laden.
Et nous sommes aujourd'hui, après les interventions en Libye et la mort providentielle de Kadhafi, après les printemps arabes en Tunisie, en Egypte devant les exactions contre son propre peuple d'un dictateur Syrien qui n'entend pas se laisser dépossédé de son pouvoir, en conflit avec nos propres ressortissants qui prennent fait et cause pour une guerre qui n'est pas la leur, et qui manipulés par plus fourbes qu'eux sont programmés à mener une guerre au nom d'un semblant d'état qui se prétend islamique et à commettre des actes dont l'horreur est indescriptible sur notre propre sol.
Sans évoquer les drames endurés par les populations civiles au Niger et au Mali par d'autres groupes islamistes.
Finkielkraut a parfaitement le droit de critiquer ceux qui profitent des travers de la société pour imposer leurs façons de vivre en cherchant par tous les moyens dont ils disposent et qui ont tôt fait, voile, foulard, niquab, aujourd'hui burquini, à choquer une opinion publique à la recherche de prétextes, et il en faut peu pour les voir monter au créneau, pour critiquer voire ridiculiser ceux qui s'adonnent à des comportements d'un autre âge et sous d'autres latitudes.
Si l'on voulait mettre de l'huile sur le feu, on ne s'y prendrait pas autrement.
Quant à critiquer A. Finkielkraut, M. Onfray, C. Fourest, B-H. Lévy, tous autant qu'ils sont, ils nous permettent de réfléchir et même si nous ne sommes pas toujours d'accord avec eux, les entendre nous permet de prendre du recul sur les situations que nous vivons actuellement d'autant plus que les hommes/femmes politiques nous abreuvent quotidiennement de discours appelant à la peur, au rejet et à la haine de l'autre. Ainsi prévenus nous pourrons écouter sereinement un Tariq Ramadan, un Zemmour voire un Rachid Abou Houdeyfa revenu tout récemment à de meilleurs sentiments, et ainsi de nous-mêmes nous séparerons le bon grain de l'ivraie.
Fort heureusement nous n'en sommes pas encore aux autodafés. C'est peut-être la raison qui fait que beaucoup se répandent sur le net en général et sur certains réseaux sociaux en particulier en déversant des torrents d'injures et d'ignominies.
Une réponse sur De Plume en Plume :
"Bonjour, texte difficile à cerner, mais copieux : substantiel.
Il donnera, tant la passion anti-musulmane (ce racisme tentateur) est répandue, lieu à des commentaires, n'en doutons pas !
Dans le livre classique sur "La Guerre des paysans", à propos des Réformateurs radicaux, à la gauche de Luther, F. Engels observait, déjà, que les revendications sociales parlaient le langage de leur époque, et qu'à une époque où la théologie commandait toute réflexion, Münster et les anabaptistes exprimaient dans les termes du Royaume de Justice les revendications des pauvres paysans, des compagnons, des errants hors des ordres de la société féodale.
Pour autant, l'islamisme est différent : c'est un courant politique, animé du fantasme de rétablir la "Oumma" (Communauté) primitive, sans défaillances ni dissensions, sous la houlette d'un calife, chef politique et dogmatique !
Mais je ne vois pas que l'auteur de ce texte - vous - distingue ce courant politique multiforme !
Votre explication fulgurante des commencements de la présente guerre mondiale, avec une responsabilité collective initiale des Musulmans, coupables d'avoir déchaîné l'impérialisme américain, me paraît contestable : quel raccourci que "les Musulmans" soudain bien homogènes ! Ce qui permet de mettre dans une enchaînement logique les châtiments collectifs, les centaines de milliers de morts au Moyen-Orient provoquées par l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord), et même sans ciller de dire que Saddam Hussein n'avait certes pas d'armes de destruction massive, sans en tirer de conséquence sur les buts de l'invasion de l'Irak ! Voyez comme vous contez l'histoire la plus meurtrière, avec quel détachement !
Quant au fait, oui, de placer l'agresseur Israël déniant au peuple arabe palestinien ses droits nationaux (dont le droit au retour des réfugiés) sur le même plan que la réplique des colonisés et expulsés et agressés, c'est une prise de position politique très nette en faveur de la poursuite de l'état des choses actuelles.
Bref, un texte d'opinion assumée : et si vous examiniez "les dérives" des États-Unis d'Amérique, du foyer national juif Israël, et les crimes des islamistes contre les musulmans, meurtres si nombreux chaque jour ?
Cordialement !
Serge Hervé Dutoit
Ma réponse :
Je tiens à vous remercier pour la lecture et l’attention que vous avez accordée à mon texte.
J’essaie de comprendre comment fonctionnent les hommes et je crois que je m’arriverais jamais à les comprendre tant leurs intérêts sont divergeants. Afin d’étayer mes idées, j’aime me confronter à ceux qui ne pensent pas comme moi.
D’abord et avant toute chose mon texte n’est en rien anti musulman. Il constate seulement des faits. Des faits qui sont le reflet des affect d’une grande partie de la population qui ne peut que se soumettre par l’intermédiaire de leurs dirigeants à la marche du monde actuel, monde libéral s’il en est que les Etats Unis dominent. J’en veux pour exemple, l’Amérique latine qui n’est en rien concernée par l’Islam, et pourtant les Etats Unis interviennent dans leurs politiques internes de la même façon même si leur influence ne parait pas évidente aux yeux de tous, exception faite pour le Chili où la matérialité des faits ne pouvait être contestée.
Il se trouve qu’énormément d’intérêts sont en jeu au Moyen Orient, ne serait-ce que pour le sous-sol, les peuples sont d’un moindre souci, on le voit d’ailleurs pour les propres ressortissants de dirigeants comme l’est aujourd’hui Bachar El Assad à Homs ou Alep, comme c’était au temps de son père Hafez el-Assad à Hamah. Nulle tergiversation pour juguler une opposition autrement que dans le sang. C’est une tradition chez ces dirigeants de massacrer leurs opposants, comme c’était le cas du temps de Saddam Hussein qui utilisait de moyens identiques à ceux dont il a été lui-même victime. La dictature a encore de beaux jours au Moyen Orient.
Ces conflits n’ont strictement rien à voir avec la religion, seulement tout nous y ramène par le biais des alliances ou des rejets, des communautés imbriquées les unes aux autres alimentant des métastases dans tous les pays du monde actuel, selon les appartenances à un courant ou à un autre, comme vous le dites, entre ceux qui prônent un retour aux origines et ceux qui se veulent progressistes.
Et dans tout ça, des jeunes désœuvrés de nos banlieues en rupture sociale à la recherche de reconnaissance qui se lancent pour des intérêts qui sont loin d’être les leurs, et que certains utilisent comme machines à tuer. Ces jeunes des banlieues de quelque appartenance qu’ils soient, ils ont tôt fait d’adopter les codes de ceux qui les exaltent comme si le fait d’appartenir à un groupe leur concédait le sentiment d’exister. Et je ferais à cet effet un parallèle avec ceux qui entrent en religion, quelle que soit la religion s’entend, arborant un sourire de sublimation. La quête de l’utile comme le don de soi est le plus vif sentiment que peut ressentir un homme, comme de s’offrir à la mort comme ces jeunes qui montaient à l’assaut des tranchées en 14-18 sans savoir s’ils en reviendraient.
Sans tout mélanger, il faudrait savoir quels sont les intérêts primordiaux des hommes et ce qui les anime.
Quant à Israël auquel vous semblez contester l’existence, même si cet état a été reconnu par les Nations Unis depuis près de 70 ans, il représente effectivement aux yeux de ses voisins comme une immixtion occidentale dérangeante. Ce qu’on peut effectivement admettre, mais ne croyez-vous pas qu’au lieu de s’opposer ou de le combattre, il aurait été préférable que ses voisins eussent pu s’en servir comme un exemple démocratique et développer le progrès dans tous les domaines au lieu de lui faire la guerre.
Encore merci Serge Hervé Dutoit pour votre lecture.
Réponse de Serge Hervé Dutoit
- A propos d'Israël : je conteste votre lecture de la nature de cet État ; Israël a été bâti, en expulsant, en assassinant, en colonisant, en rasant des villages, en rasant aussi toutes les traces arabes antérieures et en déniant au peuple arabe palestinien (unique, serait-ce les citoyens arabes israéliens, les habitants des territoires occupés de Cisjordanie et de Gaza, ou les réfugiés) son droit à l'autodétermination et le droit au retour des réfugiés.
Un tel État, bâti sur la négation d'un peuple, n'est une démocratie très limitée que pour les seuls Juifs, déclarés - viendraient-il à débarquer du Bronx américain - plus légitimes et immédiatement citoyens d'un Etat qui se définit par un critère raciste d'exclusion : le foyer national juif !
Israël deviendra une démocratie quand, à égalité, les Arabes et les Juifs seront déclarés peuples créateurs d'un État unique, puisque les dirigeants d'Israël font tout pour réduire à une impossibilité un "État palestinien" souverain éventuel.
Vous ne semblez pas faire la distinction entre dénier un caractère démocratique à un Israël discriminatoire et colonial, et dénier le fait israélien.
Je ne dénie pas le fait israélien, je dénie votre contre de fée des origines d'Israël (Israël est entièrement un fait colonial persistant et fort belliqueux), et je dénie que soit démocratique cet État colonial.
Il importe que les Juifs israéliens se démarquent de leurs dirigeants assassins, comme le font ceux qui refusent de servir l'armée dans les territoires occupés, comme le font les association humanitaire israéliennes qui comptent aux check-points du mur de séparation les arabes palestiniens refoulés et brutalisés, comme le font ceux qui comptent les oliviers arrachés et les maisons arabes dynamitées en représailles collectives contre des attentats individuels !
Voilà qui est démocratique comme agissement !
Ces Israéliens, démocrates véritables, ont du courage et du sens politique !
Et je remarque que, pour vous, vous n'en faites aucune mention, de ce protagoniste essentiel, comme pour la fable sioniste d'un pays sans peuple (la Palestine) pour un peuple sans pays (les Juifs), n'existe pas le peuple palestinien arabe, passé aux oubliettes au profit des seuls protagonistes qu'auraient été les pays arabes mal disposés envers le fait colonial israélien !
Que voulez-vous, ce pays armé par l'URSS et les USA leur assène un coup de trique, aux Arabes, et ces gens de mauvaise composition ne prennent pas Israël pour modèle ?
Mais qu'il y a des gens sourcilleux, et rancuniers dans ce monde ? Mon dieu, mon dieu, mon dieu !!
Vous ne vous avisez même pas de l'existence factuelle des Palestiniens arabes, c'est pourquoi vos trois lignes sur Israël sont un modèle de propagande sioniste assez dépourvu de la hauteur de vue dont vous vous réclamez ailleurs. Et votre prétendu compte-rendu des "faits" est un arrangement des faits sélectionnés par vous !
-- - - Quant aux processus identificatoires de jeunes gens, vous les décrivez très bien.
Par contre, quand cela vous arrange, vous faites un total amalgame entre les peuples arabes et leurs dirigeants censés être leurs guides et leurs porte-paroles.
Quand ça ne vous arrange pas, vous rappelez des massacres opérés par la famille Hassad et par l'ancien dirigeant irakien Saddam Hussein.
- Et Israël est largement, par sa nature coloniale, un abcès de fixation des haines infiniment grave ; sans paix avec le peuple arabe palestinien, il n'y aura pas de paix ailleurs ; tant qu'Israël sera le poste avancé de l'impérialisme américain, il n'y aura pas de paix, oui : Israël, ce pays colonisateur est la clé.
Voilà, en bref, ce que m'inspire votre réponse.
Sincèrement !
Par ailleurs, j'y reviens, votre texte n'est pas anti musulman !
J'écrivais, seulement, mais cela va mieux en l'explicitant, que votre texte va donner lieu à des tirades racistes anti musulmanes - que je vois assez habituelles, dans l'actualité française.
Votre texte est seulement un commentaire d'un point de vue euro-centré, ne relevant même pas l'existence factuelle du peuple arabe de Palestine.
Faut-il remonter à cet épisode colonialiste d'une Grande-Bretagne attribuant aux dirigeants sionistes un droit sur la terre de Palestine, première négation, suivie de votre fable de David contre Goliath deuxième négation du fait national palestinien en éclosion au sein de l'Empire Ottoman, puis des colonies britanniques), suivie de votre troisième négation qu'est l'ignorance révélatrice de votre vision du monde : les États arabes constitués auraient été protagonistes, point les Arabes d'Israël/Palestine (gazaouites, réfugiés, cisjordaniens) !
Bien à vous !
Serge Hervé Dutoit
Ma réponse :
Comme je le disais, on peut toujours opposer les actions des uns aux réactions des autres, les exactions des uns aux provocations des autres. Et on peut faire l’étalage de toutes les dissensions qui ont eu pour théâtre cette région du monde, des calendes grecques jusqu’à aujourd’hui, et pourquoi pas remonter aux Croisades de l’an 1000 sans oublier les incursions des Egyptiens aux temps des Pharaons.
La Palestine a toujours été une terre de transit du Sud vers le Nord et le sera toujours, vu sa position géographique, et par voie de conséquence une terre de conflits.
Seriez-vous donc encore pour le rejet à la mer des Juifs comme le définissaient les pays arabes d’une certaine époque ?
Ceci n’est qu’une question ?
La surenchère de la sécurité a toujours déclenché les excès. Et c’est d’ailleurs ce qui se passe en France actuellement quand on oppose des gens qui évitent les conflits en prenant bien garde de ne pas mettre de l’huile sur le feu et les tenants d’un état d’exception où le tout sécuritaire est mise en avant par souci de précaution quitte à devenir un pays comme l’est devenu aujourd’hui l’Etat d’Israël où le tout sécuritaire conduit inévitablement à une psychose occasionnant des débordements et des actes regrettables.
Comme si la paix sociale entre communautés était interdite.
Comme si les Français devaient reprocher ad vitam æternam les incursions allemandes sur le sol français, ou les guerres de cents ans avec les Anglais. L’Europe serait en guerre permanente si nous devions ne retenir que les amertumes causées par les drames qui ont de tout temps marqué notre histoire.
Mon analyse parait effectivement très simpliste d’autant plus que les faits que je relate ne vont pas dans votre sens. On pourra toujours opposer les faits aux faits, les violences aux violences, les drames aux drames, justifier toutes les rancœurs pour dresser encore et toujours les hommes entre eux et leur donner des raisons de se battre.
J’essayais de comprendre ce qui est vain de comprendre, que les hommes sont davantage tournés vers un passé qui par définition n’est plus, que vers un avenir qui ne peut être, vu la conception de certains.
Tout aussi sincèrement
Vous évoquez également les réfugiés palestiniens. Que n’ont-ils pas été accueillis par leurs voisins arabes comme l’ont été les réfugiés de la guerre d’Algérie en France après les accords d’Evian de 1961, pieds noirs et harkis compris ? Pour autant que je sache, ces derniers sont intégrés aujourd’hui.
Même si ma vision des faits est très euro centriste, il est tout de même intéressant de se poser la question : Pourquoi donc les réfugiés palestiniens vivent-ils donc toujours dans des camps dans les pays voisins au Liban, en Syrie, en Jordanie ?
Serait-il simplement permis de se poser la question ?